top of page

  Le problème de l'eau est majeur pour les habitants de Tékinéwane. En effet, entre sécheresses et inondations, ces dernières années font de l'eau l'élément le plus souhaité et recherché tout autant que le plus redouté.

Historique :

1972-73 : première grosse sécheresse ayant eu des conséquences très lourdes.

1984 : seconde grosse sécheresse, aux effets dévastateurs.

1986-1991 : période de grandes difficultés, et début d'un processus de réchauffement climatique dévastateur aux effets irréversibles.

1999 :  troisième grosse sécheresse.

Depuis 2012 : sécheresses quasi continues avec des pluies violentes qui ravagent tout, entrainant morts et maladies. La saison des pluies est également plus courte qu'auparavant, n'excédant pas 3 mois (avant elle pouvait durer jusqu'à 5 mois).

  La tendance aux pluies violentes dues au réchauffement climatique pourrait se régulariser, transformant la région et ses habitudes ; malheureusement, toute cette eau ne favoriserait pas l'agriculture, mais détruirait plutôt les terrains (voir cet article pour Futura Planète).

  A partir des années 80, les conditions de vies de ce peuple ont littéralement changé. Auparavant, la végétation de la brousse était plus abondante, l'eau était présente dans les oasis ou sous terre très proche de la surface, et des pâturages permettaient d'entretenir des troupeaux de près de 200 têtes de bétail. Les bergers nomades peulhs vivaient relativement paisiblement dans la nature.

  Ces trente dernières années, le peuple peulh wodaabé a dû s'adapter et mettre en oeuvre des solutions pour assurer sa survie et celle de troupeaux ne pouvant désormais plus excéder les 30 têtes de bétail. La crise alimentaire est continue (ici pour plus d'informations sur cette crise). La sédentarisation, avec la création de villages et d'écoles est l'un des moyens mis en oeuvre offrant une sécurité minimale et permettant de ne pas disperser les membres de la tribu dans divers bidonvilles de pays différents où ils se font parfois massacrer.


 

  Avec la question de l'eau absente vient celle des puits. C'est là un autre problème majeur pour les nomades et les sédentaires. En effet, la sécheresse devenue habituelle ne permet plus l'accès à des ressources d'eau suffisantes ou accessibles. Les nappes phréatiques ne se renouvellent plus et les infrastructures sont quasi inexistantes et excessivement chères à mettre en place. En effet, il faut creuser et forer de plus en plus profond pour atteindre des nappes salvatrices, et pour cela les moyens techniques doivent être adaptés. La seule force humaine ne suffit pas, et de nombreux hommes ont péri ces dernières années à causse de l'effondrement des puits.

En 2009, voici ce que l'association AZAWAGH rapportait (voir page) :

A Tekinawane, les enfants doivent marcher 10 km pour trouver de l’eau, souvent insalubre.

Un puits a été creusé jusqu’à une profondeur de 70 m, sans trouver d’eau. Il fallait soit continuer à creuser soit faire un forage.

Nous avons financé une étude préalable (Rapport Sandao) qui conclut à la nécessité de faire un forage à 500 m de profondeur avec contre puits.

Le budget d’un tel ouvrage est de l’ordre de 250.000 €. (voir description dans l’Hebdromadaire N°9 et suivants).

A Adjangafa, le puits s’était effondré et le point d’eau le plus proche est à 12 km, à Tchintabaraden.

Nous avons entrepris le fonçage d’un nouveau puits. La nappe phréatique a été atteinte les 27 mai 2009 à 90 m de profondeur. Hommes et bêtes y boivent depuis lors.

Un puits de 20 m a été réalisé à Takat, à 8 km de Tekinawane.

Un puits de +/- 70m est en voie d’achèvement à Intifirkit pour lequel nous avons obtenu une aide de la coopération belge à Niamey.

Un nouveau puits sera mis en chantier en octobre 2009 à Ississiman.

Le plan d’ensemble de l’approvisionnement en eau de la zone est expliqué dans l’Hebdromadaire N°12.

  Aujourd'hui, en juillet 2017, le puits de 70m est toujours en attente d'être creusé, mais le budget est toujours démesurément inaccessible. 

  La solution la moins coûteuse est donc de construire des petits puits traditionnels soutenus par du béton près du village, afin de répartir la distribution d'eau, et éviter de devoir toujours marcher des kilomètres pour puiser de quoi survivre.

  Pour le village, la durée actuelle d'utilisation des puits est de 2 à 3 mois. Lorsque l'eau est épuisée, il faut se rendre à pied dans un autre village, à environ 7 km aller, puis dans un autre à 9 km aller, puis encore plus loin à 13 km aller. Les ânes et les chameaux sont des alliés précieux pour porter l'eau dans ces périples incontournables.

Heureusement, la solidarité en matière d'eau va de soi, et le partage se fait naturellement aux puits.

Dans l'Hebdromadaire N°31 (de Juin 2017), vous trouverez davantage d'informations (sur les puits en page 6).

ARTICLE 1

Pour RFI.fr

Par  Gaëlle Laleix

Diffusion : vendredi 3 février 2017

lien ici.

 Les éleveurs sont en crise dans le nord du Niger, dans la région d’Agadez. 

 Des chercheurs du Cirad, de l’Institut pasteur et de l’université d’Oxford viennent de publier une étude sur la fièvre de la vallée du Rift. Cette maladie mortelle affecte le bétail en Afrique et peut se transmettre à l’homme. Le travail des scientifiques porte notamment sur les modes de propagation de la maladie. La transhumance et les marchés d’animaux jouent un rôle crucial. L’enjeu économique est de taille, alors que l’élevage en Afrique est souvent nomade et que le bétail se vend sur pieds.

 C’est au Niger que la dernière épidémie de fièvre de la vallée du rift a été déclarée. Les premiers cas ont été repérés en septembre dans la région de Tahoua à l’Ouest du pays. Cinq mois plus tard, les éleveurs ne s'en remettent toujours pas.

« On perd notre troupeau, se désole Lémou Djima éleveur vers Tahoua. On perd même des vies humaines. Il y a eu beaucoup de morts cette année. Certains ont perdu tout leur troupeau. On ne sait pas quoi faire après. On n’est pas des commerçants ni des agriculteurs. On n’a que nos animaux et quand on les perd, c’est comme si on perdait notre vie. Aujourd’hui leur prix ne vaut plus rien. La génisse de quatre ans se vend environ 120 000 francs CFA, le bœuf de cinq ans 160 à 170 000 et on vend les veaux 40 à 50 000 francs CFA. C’est à cause de la maladie. C’est ça qui a cassé les prix. »

Propagation

 A l’origine de la fièvre, un virus transmis par un moustique. Les scientifiques du Cirad, de l’Institut Pasteur et de l’université d’Oxford ont étudié le parcours de la maladie à Madagascar, ces 20 dernières années. Ils révèlent que ces épidémies sont liées aux activités de commerce de bétail et à la transhumance. Les bêtes transportent la maladie sur des kilomètres. Pour se prémunir des mesures sont difficiles à mettre en place alors que la mobilité est au cœur de l’élevage africain.

« A partir du moment où la période infectieuse est courte pour les animaux, il suffirait d’empêcher les mouvements pendant quelques semaines pour éviter la propagation de la maladie, explique Renaud Lancelot, épidémiologiste au Cirad. Mais il faut vraiment une discussion de fond avec les éleveurs et toute la filière pour faire passer une mesure pareille. Une autre solution qui serait envisageable, c’est la vaccination. Elle pose problème : d’abord parce que les vaccins ne sont pas excellents. Ensuite, la maladie ne survient pas de manière régulière, ça veut dire qu’il faut avoir mis en place en amont des mesures de surveillance et d’alerte précoce pour lancer à temps une campagne de vaccination. »

Veille insuffisante

 Mais les systèmes de surveillance vétérinaire sont encore loin d’être au point, à Madagascar comme sur le reste du continent. Le docteur Vincent Michel Rakotoharonomé est chargé d’études à la direction des services vétérinaires malgaches :

« Quand un animal est infecté par la fièvre de la vallée du rift mais s’en sort, l’éleveur ne le déclare pas, il ne dit rien et continue son activité. Du côté des services vétérinaires, tant qu’on n’a pas un appel ou une alerte, on pense que tout va bien. Aujourd’hui nous avons mis en place environ 23 postes d’observation vétérinaires. Mais les vétérinaires travaillent dans leur zone d’habitation et compte tenu de la grandeur de Madagascar, nous n’avons pas une idée claire de la situation en brousse. »

 La fièvre de la vallée du rift fait peser le risque d’une interdiction d’exportation du bétail africain. Au début des années 2000, le Yémen et l’Arabie Saoudite avaient interdit l’achat d’animaux en provenance de la Corne de l’Afrique qui se battait alors avec la maladie.

(Au 13 juillet 2017, date de création de ce site, l'épidémie est résorbée.)

  La situation à Tékinéwane et au Niger en général est dramatique. Malgré cela, les hommes et femmes peulhs cherchent des solutions respectables pour assurer leur survie, construisant leur présent et leur futur au travers de villages, écoles, ou projets divers.

L'eau...

ARTICLE 2

Niger : sécheresse, épidémies, insécurité… les éleveurs fuient à Niamey

Pour RFI.fr

Par  Gaëlle Laleix

Diffusion : mardi 7 mars 2017

lien ici.

 Au Niger, la fin de l'année 2016 a été particulièrement difficile pour les éleveurs de la région de Tchintabaraden. La sécheresse et une épidémie de la fièvre de la vallée du Rift ont décimé les troupeaux. A cela s'ajoutent une situation sécuritaire préoccupante et une forte recrudescence du vol de bétail. Beaucoup d'éleveurs quittent donc leur village pour trouver un emploi à Niamey, dans l'espoir d'économiser, et de racheter des animaux. 400 familles sont ainsi parties de la région. Mais dans la capitale, la déception est grande.

 Madina Joha avait une quinzaine de vaches. La sécheresse et la maladie ne lui en ont laissé que cinq. Pas assez pour vivre. C'est à pied qu'il a quitté son village de Tahoua pour rejoindre Niamey. 500 kilomètres de sable et de galères. A Niamey, Madina vit de petits boulots...

« Je peux être gardien de nuit, parfois je vends du thé ou du café dans la rue, je peux aussi travailler sur les chantiers. C'est très difficile de trouver un emploi. Il y a trop de monde qui cherche du travail. Ma femme est venue à Niamey avec moi, c'est elle qui fait vivre la famille. Elle fait des tresses et un peu de couture. Ça rapporte entre 800 et 750 francs CFA (1,20 – 1,15 euro) par jour. Ce n'est pas suffisant, mais c'est tout ce qu'on a ».

 Kayassa Kitiko lui vient de Kao. Son troupeau de 50 bêtes a été décimé. Depuis mi-février, il s'est installé avec sa femme et ses sept enfants dans une case, dans le quartier de Yantala. Pour gagner sa vie, il vend parfois du thé dans la rue. 50 centimes de franc CFA la tasse.

 « Je ne veux pas rester à Niamey, je veux retourner dans mon village, espère l’éleveur. Là-bas je suis libre, pas comme ici où il faut de l'argent pour tout, même pour se laver! Mais ça coûte très cher d'acheter des bêtes. Il faudrait 2 millions de francs CFA (3 000 euros) pour avoir une dizaine de têtes de bétail... c'est le minimum pour vivre de son troupeau. Je ne suis pas sûr de jamais gagner une somme pareille ici. Il faut travailler dur. »
 
Mirage
 Des illusions, Lémou Djima n'en a plus beaucoup. Eleveur à Tahoua la moitié de l'année, il vend des bijoux à Niamey, le reste du temps. Mieux loti que ses congénères, grâce à sa formation d'artisan, il doit quand même affronter des dépenses colossales en ville...

 « Je n'ai pas d'économies. Quand j'ai de l'argent, je dépense tout dans le mois. J'ai une famille pauvre à soutenir. A Niamey, j'habite un appartement dans le quartier de Recasement. Ça me coûte déjà 40 000 francs CFA (60 euros) par mois. Parfois, je dois demander à mon propriétaire de me faire crédit. Je n'ai jamais vu d'éleveur qui arrive à gagner suffisamment d'argent pour racheter des bêtes et repartir. En général, ils restent à Niamey. Ils ne peuvent pas retourner au village, ou ils vont mourir de faim. Certains vont même jusque dans les pays voisins: le Nigeria, le Bénin ou le Burkina Faso. »

 Aujourd'hui, une vache coûte au Niger environ 200 000 francs CFA (300 euros) et une génisse 65 000 (100 euros).

Un contexte extrême

  La pauvreté est un phénomène aigu au Niger, 63% des Nigériens sont pauvres et 34% le sont extrêmement. La pauvreté a un visage essentiellement féminin et rural (86% des pauvres et 36% des personnes extrêmement pauvres vivent en milieu rural). Cette pauvreté déjà extrême se trouve aujourd'hui de plus en plus extrême à cause des exactions des Boko Haram d'une part et des djihadistes opérants dans les pays voisins d'autre part.

 

  En dépit, de l’intensification de la lutte contre la pauvreté, le fondamentalisme, Boko Haram, djihadistes et le terrorisme depuis un certain temps par la coopération internationale, de nombreux pays dont le Niger demeurent encore pauvres et insécures. Ce triste constat est surtout perceptible en milieu rural.

bottom of page